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bulletin de l'international
29 janvier 2011

REVOLTE TUNISIE EGYPTE: LE MONDE CAPITALISTE EST SONNE

RÉVOLTES TUNISIENNE ET EGYPTIENNE :

LE MONDE CAPITALISTE EST SONNÉ

En l’espace de quinze jours, le monde capitaliste occidental a connu deux révoltes successives en perdant d’abord le régime fantoche de Ben Ali en Tunisie et un autre en Egypte qui est en train de vaciller sur ses pieds et de vivre ses derniers jours avant sans doute d’être balayé par des émeutes populaires. Les trois jours de « colère » en Egypte ont causé  pour le moment une quarantaine de morts, des milliers de blessés et des dizaines de milliers d’arrestations sans parler de tous les dégâts matériels, incendies dans les bâtiments publics et dans les différents sièges du parti National dirigeant, pillage de magasins, désertion de soldats et de policiers etc. À n’en pas douter, ces deux tremblements de terre qui frappent quasi simultanément deux régimes fantoches considérés comme deux pions importants pour les Etats-Unis et l’Europe, pour le capital transnational qui exploite honteusement une main d’œuvre docile et bon marché et pour les bourgeoisies compradore de la région du Moyen Orient et d’Afrique du Nord ont entraîné un changement immédiat dans la météo du capital puisque depuis les manifestations de « colère » en Egypte, les bourses mondiales ont plongé en clôturant en forte baisse et une ruée vers l’or.

Comme, lors de la révolte tunisienne où le pouvoir en place avait manœuvré jusqu’au bout pour étouffer la colère de la rue, on assiste aujourd’hui à une répétition générale, à un un remake avec le même scénario en Egypte où Hosni Mubarak et sa clique cherchent désespérément à juguler les protestations de « colère » contre son régime en proposant dans son discours démagogique un changement de gouvernement et des réformes et des promesses mais il est fort à parier qu’il est trop tard pour arrêter un mouvement et une jeunesse désespérée décidées à en découdre une fois pour toutes. Le problème principal auquel se trouve confronté actuellement le gouvernement égyptien et d’ailleurs tout pouvoir en place, est la manière de retourner une situation explosive et incontrôlable en sa faveur en divisant les rangs des manifestants et des protestataires. Comme pour la Tunisie de Ben Ali où la France a cherché à sauver le régime de son allié et protégé en dépêchant sur place des experts spécialisés dans « la gestion des foules », aujourd’hui, les Etats-Unis font de même, car , tout en invitant publiquement le gouvernement égyptien à laisser les manifestants s’exprimer et à faire entendre leurs voix dans les rues, ils échafaudent, avec la collaboration de hauts responsables politiques et militaires égyptiens et israéliens, des « plans de sauvetage » du régime de leur allié et protégé, pour venir à bout de la révolte. D’ailleurs, la première mesure concrète qui figure dans les « plans de sauvetage » états-uniens du régime de Mubarak et visant à une meilleure « gestion des foules » égyptiennes, concerne fatalement les nouvelles technologies de l’information, Internet, les réseaux sociaux de Facebook et Twitter, le téléphone portable et mine de rien, les téléphones fixes et cela dans le but d’empêcher les protestataires de la « colère » de se communiquer entre eux leurs mots d’ordre et leurs stratégies de mobilisation et de mouvement. Cette mesure de contrôle des nouvelles technologies de l’information par le pouvoir en place s’avère périlleuse et incertaine, et elle peut être ou non efficace selon les circonstances, car si elle a réussi en Iran à étouffer les contestations sociales et politiques nées dans la foulée de la réélection d’Ahmadinejad, elle a en revanche lamentablement échoué en Tunisie et cet aveu d’échec apparaît dans le dernier discours de Ben Ali avant de prendre la fuite quand il a décidé d’accorder à la jeunesse tunsiienne la « pleine liberté » de l’Internet. L’échec du gouvernement égyptien semble patent puisque la coupure d’Internet et des téléphones mobiles le jeudi soir n’a nullement empêché la mobilisation des foules dans les grandes villes après la prière de vendredi.

Victime de son manichéisme et d’un esprit borné, le monda capitaliste cherche une fois de plus, comme lors de la révolte tunisienne, à noyer le poisson en attribuant la cause et les racines de la révolte égyptienne à un problème politique, à la soi-disant absence de démocratie et de réformes politiques. Il faut rappeler à toutes fins utiles que ce qui se passe aujourd’hui en Egypte n’a aucun rapport avec la soi-disant démocratie et liberté d’expression et il n’est nullement le résultat d’un manque de réformes ou d’un quelconque immobilisme politique de la part du pouvoir en place. Bien au contraire, la pauvreté et la misère qui frappent la moitié des égyptiens avec un dollar par jour ont été aggravées par l’instauration en Egypte d’un capitalisme sauvage et par la mise en œuvre d’une politique sauvage de privatisation tous azimuts menée par le propre fils de Hosni Mubarak, Jamal, sans doute sous la pression des bailleurs de fonds égyptiens, du capital transnational et des gouvernements capitalistes des Etats-Unis et d’Europe. C’est cette politique archéo-libérale qui a aggravé une situation économique déjà désastreuse et qui a entraîné un élargissement du fossé entre les plus riches et les plus pauvres. La propagande politique capitaliste cherche à manipuler les opinions publiques tant en Occident que dans les pays arabes en attribuant les racines des révoltes tunisienne et égyptienne à l’absence de démocratie et de liberté d’expression dans ces deux pays. Nous le savons tous, la démocratie et la liberté d’expression, ces chantres de l’Occident capitaliste, c’est tout simplement de la foutaise et une histoire à dormir et ceux qui les prennent pour argent comptant, et ils sont, il faut le dire franchement et sans détour, soit des illuminés soit des imbéciles. Pour les révoltés de la Tunisie et de l’Egypte, la démocratie, ce poncif de la propagande politique, est le cadet de leurs soucis, car ce qu’ils veulent avant tout et ce qu’ils cherchent à obtenir, ce n’est pas du bla bla et du vent mais du pain et du travail.

En guise de conclusion, il faudra dire pourquoi le monde capitaliste a perdu son latin avec les deux révoltes tunisienne et égyptienne. D’abord, ces deux révoltes l’ont pris de court et elles ne figuraient nulle part dans l’agenda du capital transnational qui a investi massivement dans la Tunisie de Ben et dans l’Egypte de Hosni Mubarak, deux régimes fantoches qui étaient considérés comme des dictatures assez sûres pour la prospérité des affaires et deux dictateurs perçus comme le meileur rempart et la meilleure garantie pour maintenir en coupe réglée les classes exploitées de leurs pays. Ensuite, avec ces deux révoltes presque simultanées, le monde capitaliste ne réalise pas qu’il change d’époque, celle de l’agonie d’un système et d’un mode de production qui ont fait leur temps et qui vivent aujourd’hui leurs derniers jours. A cet égard, les deux révoltes tunisienne et égyptienne, ainsi que les autres révoltes en gestation, sont loin d’être des troubles passagers liés à des simples dysfonctionnements homéostatiques inhérents à un régime politique mais les symptômes pathologiques d’un changement profond de paradigme, la dislocation du système impérialiste qui se révèle désormais incapable désormais de maîtriser et de dominer ses contradictions internes. Les conditions objectives qui ont donné naissance aux deux révoltes tunisienne et égyptienne sont identiques à celles qui ont permis aux bolcheviques de réussir leur révolution en 1917 et à Mao d’instaurer le régime communiste en Chine. 

FAOUZI ELMIR

Mots-clés : Egypte, Tunisie, révolte, capitalisme, impérialisme, démocratie. 

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