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bulletin de l'international
20 mars 2011

TRIBULATIONS D'UN IMPERIALISME DECADENT EN LIBYE

TRIBULATIONS D’UN IMPÉRIALISME DÉCADENT EN LIBYE

 

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Apparemment, Muammar El-Khadaffi a la baraka, car cet homme, connu pour ses caractères étranges et ses comportements imprévisibles et donné mort voilà il y a encore quelques jours sinon physiquement du moins politiquement, n’en attendait pas tant de ce cadeau providentiel offert par Sarkozy et Cameron qui ont fait voter à la va vite au Conseil de Sécurité de l’ONU la résolution 1973 autorisant le recours à la force contre le régime libyen accusé de massacre et d’exactions contre les populations civiles notamment dans les régions de l’Est et de l’Ouest du pays, tenues par les rebelles. Il va sans dire que les raids menés par l’aviation française, britannique et américaine contre les troupes et les positions militaires des loyalistes et des partisans du colonel libyen, non seulement n’atteindront aucun de leurs objectifs fixés mais renforceront bien au contraire un régime affaibli en proie à une insurrection depuis le 17 février en  donnant l’impression à l’opinion et à la rue en Libye et dans le monde arabo musulman comme une nouvelle agression impérialiste et colonialiste. Ce faisant, non seulement la popularité d’El-Kadaffi va se voir grimper en flèche en transformant du jour au lendemain un dictateur sanguinaire en héros et en libérateur, un nouveau Omar EL- Mukhtar mais les membres du Conseil provisoire formé après le début de la révolte le 17 février vont être discrédités et vont apparaître qu’on le veuille ou non comme les hommes de main des agresseurs occidentaux et comme des traîtres à la cause de leur pays.

 

Sarkozy et Cameron justifient leur activisme en faveur d’une intervention militaire en Libye pour des raisons humanitaires, en l’occurrence la protection des populations civiles notamment celles de Benghazi contre la vengeance du colonel El-Khadaffi qui a promis de leur faire payer cher leur rébellion et leur révolte contre son autorité. Franchement, il faut être un imbécile pour croire aux soi-disant raisons humanitaires invoquées par les promoteurs de la résolution de 1973 et par leur volonté de protéger des populations civiles désarmées. Si Sarkozy, Cameron et Clinton étaient vraiment si soucieux de la protection des populations civiles, pourquoi n’ont-ils pas montré le même zèle et la même compassion pour les victimes des régimes répressifs au Bahrein et au Yémen qui n’hésitent pas à tirer sur des manifestants désarmés et à tuer sans ménagement tous ceux qui contestent le pouvoir en place ? Tous ces responsables occidentaux qui pleurent aujourd’hui dans les chaumières et qui se lamentent sur le sort des populations civiles en Libye, sont restés dans le passé de marbre quand l’entité sioniste massacrait les populations civiles en Palestine occupée et au Liban. On se souvient encore dans la foulée de la guerre du Gaza, le même Sarkozy qui s’active pour faire voter une résolution contre la Libye, a envoyé à l’époque une frégate en Méditerranée pour participer à côté de l’Egypte et d’Israël à la soi-disant surveillance de trafics d’armes en direction du Hamas mais dont l’objectif était aussi et surtout d’asphyxier la bande de Gaza pour obliger ses habitants à se révolter contre ce dernier.

 

Derrière l’activisme de Sarkozy et de Cameron pour une intervention militaire en Libye, il y a évidemment les arrières-pensées politiques de l’un et de l’autre. Pour le premier, cette crise libyenne est l’occasion pour se montrer sur la scène internationale et pour faire du marketing politique dans la perspective des élections présidentielles de 2012. Car, il faut rappeler que la candidature de Sarkozy est donné battu dès le premier tour devant Marine Le Pen et même sa candidature pour les prochaines élections est contestée au sein même de son propre camp. La crise libyenne apparaît alors comme un pari, une sorte de quitte ou double pour engranger des dividendes en vue des prochaines élections présidentielles de 2012. Quant à Cameron, la crise libyenne, c’est son premier baptême de feu en essayant de montrer à son opinion publique comme ce fut le cas pour Tony Blair que la Grande Bretagne peut encore jouer dans la cour des grands. La stratégie et les objectifs visés par l’un et l’autre sont en dernier lieu la chute du régime du colonel El-Khadaffi et son remplacement par un régime plus favorable et plus ouverts aux intérêts des capitalistes français et anglais.  

 

Enfin, pour ceux qui ont encore quelques doutes sur le sujet, la crise libyenne vient confirmer l’idée que notre monde actuel entre dans une nouvelle phase de son histoire. Nous avons pu remarquer, notamment depuis les « révolutions arabes » qui balaient le monde arabo-musulman, que l’impérialisme américain est non seulement incapable d’intervenir pour infléchir le cours des choses dans le sens de ses intérêts mais qu’il a complètement perdu pied et qu’il n’est plus le maître de la situation imposant ses propres conditions politiques et économiques. Auparavant, les Etats-Unis étaient le meneur du jeu qu’ils imposaient à tout le monde en intervenant partout, envahissant là où ils voulaient et quand ils le voulaient sans demander quoi que ce soit, surtout pas la caution de l’ONU comme lors de l’invasion de l’Irak en 2003, soit pour renverser des régimes hostiles à leur hégémonie planétaire soit pour soutenir des dictatures et des félons inféodés à leurs intérêts. À présent, les choses et la donne ont changé et le fait que ce ne sont plus les Etats-Unis qui mènent la danse dans la crise libyenne mais deux pays satellites de second rang, en l’occurrence la France et la Grande Bretagne, montre une fois de plus la mort cérébrale du capitalisme et par voie de conséquence celle de son rejeton naturel, l’impérialisme.

 

FAOUZI ELMIR

 

Mots-clés : Libye, guerre, France, Grande Bretagne, impérialisme, capitalisme.      

 

 

 

 

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